Un volant pour un malvoyant !
Un volant pour un malvoyant !
Gianni Morelli, de 43 ans, souffre en effet d'une déficience visuelle.
Prendre la route avec son véhicule où et quand on le veut, sans dépendre des transports en commun avec leurs horaires parfois incertains : telle est l'évidence pour tout détenteur d'un permis de conduire. Mais c'est loin d'être le cas pour les autres. Comme Gianni Morelli, par exemple. Cet Hasseltois de 43 ans souffre en effet d'une déficience visuelle. Mais figurez-vous que le 6 avril dernier, il a eu l'occasion, pour la toute première fois de sa vie, de prendre place derrière un volant pour une séance d'initiation Car Control, organisée à l'occasion de son anniversaire. ProMove s'est chargé de l'organisation, l'instructeur Olaf des explications tandis que l’amie de Gianni… a fait de son mieux pour ne pas gâcher la surprise.
Gianni Morelli a entamé une relation avec son amie depuis bientôt un an. Ils se sont connus il y a fort longtemps à l'internat et c'est le hasard – et un réseau social nommé Facebook – qui leur a permis de se retrouver, 25 ans plus tard. "Pour son anniversaire, je voulais vraiment marquer le coup", explique son amie. "Gianni aime les sports moteurs et nous assistons fréquemment à des courses de motos. L'idée a germé lentement, jusqu'à une recherche sur Internet pour "conduite automobile pour aveugles". C'est ainsi que j'ai découvert ProMove. Après quelques hésitations, j'ai envoyé un e-mail pour obtenir des renseignements, ou au moins l'adresse d'un organisme spécialisé. Mais contre toute attente, la réponse fut enthousiaste : ProMove ferait le maximum pour permettre à Gianni de vivre cette première expérience."
Cônes renversés et moteur calé
"Je ne suis pas tout à fait aveugle, mais presque : je perçois juste les différences entre les objets clairs et foncés", explique Gianni. "Pour me déplacer, je dépends évidemment des transports en commun. Quand j'ai rencontré mon amie, elle m'a dit que je devrais un jour conduire une voiture, mais jamais je n'aurais cru qu'elle pourrait réaliser ce rêve. Même le jour J, je n'avais aucune idée de ce qu'elle préparait (rires). Il y avait une course au Circuit Zolder, et pour éviter que je puisse le deviner, mon amie m'avait prié de porter des oreillettes et d'écouter de la musique. Ce n'est qu'arrivé chez ProMove, face à l'instructeur Olaf, que j'ai saisi l'ampleur du défi : j'allais conduire en personne !"
L'amie de Gianni s'en souvient encore : "Je n'avais jamais réussi à garder un secret aussi longtemps. Tous ses amis étaient au courant, et personne n'a pipé mot." Gianni en est toujours ravi : "J'ai énormément appris en quelques heures. Olaf m'a d'abord expliqué les fondamentaux : une assise correcte, l'emplacement de l'accélérateur et du frein, les changements de vitesse… Bien entendu, le véhicule était équipé d'un second poste de conduite, mais Olaf n'a pratiquement pas dû l'utiliser. Alors certes, il y a bien eu quelques cônes renversés, mais c'est à peu près tout". "Gianni n'a calé qu'une seule fois", assure son amie, passagère à l'arrière. "Pour moi, l'apprentissage fut beaucoup plus lent."
Sur circuit
Après une heure de conduite sur le site d'apprentissage de ProMove, Gianni maîtrisait suffisamment les techniques de bases pour relever le vrai défi : rouler sur circuit. "En réalité, les courses étaient interdites entre 12 et 13 heures, mais Johan Aerts, safety and sound manager de Circuit Zolder, m'a autorisé à pratiquer deux tours. J'ai quand même atteint les 58 km à l'heure ! C'était parfois un peu juste dans les virages serrés, mais Olaf était d'un calme olympien en me donnant des instructions très claires."
Son amie opine du chef : "Ah, si j'avais eu un instructeur tel qu’Olaf lors de mon apprentissage… Même si j'ai passé mon permis depuis longtemps, c'était une séance de rafraîchissement des connaissances fort intéressante. Car depuis lors, je suis plus attentive au volant et ma conduite est moins nerveuse."
Libre et indépendant
En guise de clôture, Johan avait réservé une dernière surprise à Gianni. "Il m'a fait monter sur le podium, tel un pilote qui a remporté une compétition ! J'ai pu faire valser le drapeau d'arrivée. Puis j'ai reçu une coupe et le certificat d'initiation à la conduite", relate Gianni avec fierté. "Le voir ainsi, c'était vraiment fa-bu-leux !", complète son amie. "C'était une journée si spéciale, que nous voulions lui faire vivre depuis longtemps. Rien ne manquait : les contacts humains chaleureux, le personnel ProMove compréhensif, attentif et dévoué, les instructions limpides d'un coach très patient. Ce qui avait commencé par un simple e-mail d'information, envoyé sans grand espoir, s'est soldé par un Gianni heureux comme jamais."
Il le confirme : "Je comprends maintenant la sensation qu'ont les jeunes lorsqu'ils conduisent pour la première fois : celle de la liberté et de l'indépendance. On pilote une machine que l'on contrôle entièrement. C'est vraiment une idée folle. Je suis si heureux d'avoir pu ressentir cela. Mais maintenant : que vont-ils franchement trouver de mieux pour mon prochain cadeau d'anniversaire (rires) ?"